VERD D'IRIS. RECETTE N° 2. | |||
Domaine : Végétal |
Manuscrit source : Traité de mignature pour apprendre aisément à peindre sans maistre, avec le secret de faire les plus belles couleurs, l'or bruni, et l'or en coquille. 1696 Auteur : CLAUDE BOUTET- CHRISTOPHE BALLARD |
LE VERD D'IRIS. Prenez des fleurs de lys les plus bleües, qu'on appelle autrement iris ou flammes; séparez-en le dessus qui est satiné, et n'en gardez que cela, car le reste n'est pas bon, ostez-en mesme toute la petite nervûre jaune, pilez dans un mortier ce que vous aurez choisi, estant bien pilé jetez dessus un peu d'eau, trois ou quatre cuillerées plus ou moins selon la quantité des fleurs que vous aurez: Il faut que vous ayez fait fondre dans cette eau un peu d'alun, et de gomme Arabie, mais fort peu, en suite broyez bien le tout ensemble, puis le passez dans un linge de toille forte, et mettez ce jus dans des coquilles, que vous ferez | sécher à l'air. |
AUTRE VERD D'IRIS. Après que vous aurez mundé les fleurs de flammes, que vous les aurez pelées et que vous y aurez mis un peu d'eau d'alun, comme je viens de dire, jetez dessus un peu de chaux vive en poudre, comme si on surcroit une salade; elle a la propriété de luy faire changer de couleur et le purifier, ensuite il faut en exprimer le suc dans des coquilles. AUTRE MANIÈRE DE VERD D'IRIS. Pilez les fleurs d'iris dans un mortier, exprimez-en le jus dans des coquilles, et semez sur ce jus qui est en chacun un peu d'alun en poudre aux unes plus qu'aux autres, pour faire de | différends verds. AUTRE MANIÈRE MEILLEURE. Pilez de l'alun, et concassez de la graine d'Avignon, meslez-les ensemble avec de l'eau, et faites boüillir le tout sur le feu ou cendres chaudes, jusques à ce que l'eau soit bien jaune, puis pilez les fleurs d'iris dans un mortier, et versez-y un peu de cette eau jaune selon que vous voudrez rendre le verd clair ou brun, en suite exprimez ce suc avec une estamine qui soit faite de poils de chèvre, car le linge en prendrait toute la couleur, et versez ce suc dans de grandes coquilles qu'il faut mettre au grand soleil; autrement ce verd se moisit à l'ombre, et |
devient trop gluant. | AUTRE VERD D'IRIS. Prenez des feüilles d'iris, hachez-les par petits morceaux, et les mettez dans un vaisseau de verre ou de fayance ou encore mieux dans une boeste (boîte) de cuivre avec de la poudre d'alun et de chaux vive, laissez pourrir le tout ensemble pendant dix ou douze jours, estant pourry exprimez-le dans des coquilles, car pour que la couleur de bleu devienne verte, il faut plustôt que la fleur se corrompe, puis qu'il n'y a point de génération sans corruption: Le verd est plus vif et plus brun quand on pile simplement les feüilles, et qu'on les exprime d'abord sans les laisser pourrir après y avoir semé de la poudre |
d'alun. |
Notes : Autre manuscrit. Autres secrets pour faire le carmin et l'outremer de différentes manières, et des laques fines, colombines, des verds, et d'autres couleurs de plusieurs façons, le tout propre pour la mignature
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