ROUGE VERMILLON (CINNABARIS OU CINABRE NATUREL). RECETTE N° 1. | |||
Nom usuel : Vermillon. |
Origine du nom : Grec ancien: kinnabari. Domaine : Minéral Formule chimique : HgS Broyage : Á l'eau pure . Détrempe : Urine, glaire d'oeuf, eau gommée. Manuscrit source : Traité de mignature pour apprendre aisément à peindre sans maistre, avec le secret de faire les plus belle couleurs, l'or bruni, et l'or en coquille. Troisième édition 1696 Revue, corrigée et augmentée par l'autheur. A Paris chez Christophe Ballard, rue Saint-Jean de Beauvais, au Mont-Parnasse. M DC LXXXXVI. Avec privilège du Roy Auteur : CLAUDE BOUTET- CHRISTOPHE BALLARD |
Autres secrets pour faire le carmin et l'outremer de différentes manières, et des laques fines, colombines, des verds, et d'autres couleurs de plusieurs façons, le tout propre pour la mignature. POUR PURIFIER LE VERMILLON. Le cinabre1 ou vermillon2 estant fait de mercure et de souffre, il faut lui oster toutes les parties impures de ces minéraux qu'il a contractées, lesquelles noircissent son lustre, et le font changer ; or cette purgation se fait de cette sorte. Broyés le cinabre en pierre avec de l'eau pure sur le porphire, puis le mettez dans un vaisseau de verre ou de fayance, et le laissez seicher, mettez-y ensuite de l'urine, et le mêlez en sorte qu'il en soit tout pénétré et qu'elle surnage (l'urine): Laissez reposer le tout; et le cinabre estant au fond, sortez l'urine et y en adjoûtez de nouvelle, la | laissant ainsi toute la nuit, et continüez à changer l'urine pendant quatre ou cinq jours, jusques à ce que le cinabre soit bien purifié, après cela versez sur le cinabre de la glaire d'oeuf bien battüe avec l'eau claire, de manière qu'elle surnage, mélé le tout avec un bâton de noyer, et laissez reposer le dit cinabre, changez de liqueur deux ou trois fois comme dessus, et tenez toujours le vase bien fermé pour éviter la poussière, qui fait changer ledit cinabre: Et quand vous voudrez vous en servir détrempez-le avec de l'eau gommée, de cette façon il ne change pas. AUTRE MANIÈRE. Broyez le cinabre déjà en poudre, sur un porphire avec de l'urine d'enfant, ou avec de l'eau de vie, et le faites seicher à l'ombre. Si vous voulez lui ôter son obscurité |
et le faire d'un rouge plus clair, faites infuser dans de l'eau de vie ou de l'urine, un peu de saffran et de cette liqueur broyez-en le cinabre. |
Notes : 1- Cinabre. Du grec ancien kinnabari nom désignant le minéral, forme naturelle du cinabre, mais aussi la résine du dragonnier de Socotra appelée « sang-dragon ». 2- Vermillon. • Forme naturelle: du latin vermiculus (petit ver), matière colorante et tinctoriale rouge produite par les ½ufs de la cochenille kermès vermilio3 lors de la ponte parasitaire sur les chênes de la variété appelée kermès. • Forme artificielle: synthèse de soufre et de mercure. 3- Kermès. Mot arabe désignant à l'origine, la matière colorante et tinctoriale |
Notes : rouge appelée laque indienne ou laque du bois, produite en particulier en Inde par la cochenille parasite coccus laccae qui, plus tard, a été confondue avec une autre matière colorante rouge occidentale produite par la cochenille coccus illicis ou kermès vermilio nommée vermiculus en latin (d'où vermeil et vermillon), et graine d'écarlate en français. C'est cette matière colorante et tinctoriale que les Nord-Africains préfèrent pour teindre leurs calottes ou bonnets appelés fez ou tarbouche mais aussi chéchias. Ce n'est qu'avec la graine d'écarlate qu'on peut obtenir ce reflet d'un rouge pourpre que possèdent les couvre-chefs fabriqués à Fez et à Tunis. Une autre raison plaidant en faveur de cette matière tinctoriale, |
Notes : c'est l'odeur qui lui est propre ainsi que les vertus médicinales que lui attribuent les habitants de ces pays, convaincus de ses bienfaits pour les maux d'yeux, et les maux de tête. |