MORDANTS À L'AMMONIAC ET À LA GOMME ARABIQUE. RECETTE N° 1. | |||
Domaine : Minéral |
Manuscrit source : L'Art d'Enluminure Traité du XIVe siècle traduit du latin avec des notes tirées d'autres ouvrages anciens et des commentaires Auteur : LOUIS DIMIER |
RECETTE POUR POSER L'OR AU MOYEN D'UN MORDANT QUI RECOIT L'OR PAR LUI-MÊME. Prenez de l'ammoniac de parfaite qualité, rompez-le en morceaux, que vous mettrez dans un pot vernissé, et versez de l'eau de façon à couvrir la matière, en sorte que celle-ci puisse s'amollir comme il faut, laissez reposer jusqu'à ce que cela soit fait; passez ensuite par un linge de lin, et faites fondre dans la liqueur un peu de sucre candi bien pilé. Ensuite mettez une ou deux gouttes de gomme arabique et mêlez bien. Cela fait, servez-vous de cette drogue pour tracer, soit à la plume, soit au pinceau, ce que vous voudrez. Quand elle commencera à | sécher, placez-y l'or, puis passez le coton pour nettoyer le tout. Voici un autre moyen de procéder,en se servant de la liqueur que je vais dire. On prendra des piécettes de leu d'iris, préparées comme nous avons dit, vieilles de moins d'un an si l'on peut ; on les détrempera au moyen de la dite liqueur et on les laissera reposer. Le résultat sera quelque chose de fort collant. Vous vous en servirez pour tracer vos lettres et vous laisserez sécher. Ensuite vous réchaufferez ces lettres de votre haleine, qui prendront ainsi l'or et l'argent que vous aurez soin d'y poser, en appuyant avec un bouchon de coton. Vous ne vous servirez pas de la dent de loup pour brunir, elle gâterait tout, mais de coton, en y allant doucement. |
Notes : Pierre de Saint-Omer enseigne le mordant envisagé dans ce chapitre, en y mêlant du plâtre. Le même auteur donne un mélange de brésil fraîchement détrempé et de blanc d'oeuf rompu à l'éponge. L'or colle dessus. Les Experimenta conseillent de faire fondre le sel ammoniac dans l'eau pure seulement. La recette d'un autre mordant à l'ail se trouve dans les Experimenta. Prenez de l'ail, pilez-le et le passez bien fin. Mettez-le sur la pierre à broyer avec un peu de minium et de céruse, et un peu de bol d'Arménie. Mêlez bien, puis laissez reposer jusqu'à ce que la drogue soit collante. Les Segreti mêlent le jus d'ail à l'ammoniac, et toujours le bol d'Arménie. Autre recette du même recueil, d'un mordant à l'épreuve du temps. Prenez un peu de minium et de céruse, aussi du vert-de-gris, du bol et de l'ocre, broyez le tout avec de l'eau et laissez sécher parfaitement. Reprenez votre drogue et |
Notes : pilez-la avec de l'huile et de la graine de lin. Ajoutez un peu de vernis liquide, quelque peu de poudre d'or, pilez de nouveau. Puis mettez sur le vélin, et quand il colle, placez votre or. Un mordant à la mode d'Allemagne est enseigné par les Segreti. Plâtre fin et craie blanche par deux parties égales, détrempé dans le blanc d'oeuf battu avec du lait de figue. Outre la dorure en feuille enseignée dans ces trois chapitres, les anciens pratiquaient la dorure au pinceau. La façon de préparer le parchemin était la même ou à peu près. Dans quelques manuscrits du temps, la dorure au pinceau n'a pas été brunie, peut-être à dessein. Selon M. Henry Martin, la dorure au pinceau est plus ancienne que la dorure en feuille. Celle-ci n'a guère été, dit-il, d'un usage assez commun en France, que depuis le XIIe siècle jusqu'au XIVe siècle.
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