ROSE DE BOIS DE BRAISE. RECETTE N° 4. | |||
Nom usuel : Bois de braise, brésillet. |
Nom vernaculaire : Rosette. Origine du nom : Du portugais brazil. (braises). Domaine : Végétal Origine géographique : Indes orientales et, plus tard, Indes occidentales. Principe colorant : Brésiline. Manuscrit source : L'Art d'Enluminure Traité du XIVe siècle siècle traduit du latin avec des notes tirées d'autres ouvrages anciens et des commentaires Auteur : LOUIS DIMIER |
DE LA COULEUR ROSE, AUTREMENT DIT ROSETTE OBTENUE AVEC LE BOIS DE BRAISE (Caesalpinia sappan). La couleur rose autrement dite rosette, dont l'enlumineur fait usage, soit qu'il en peigne les draperies, les feuillages, le corps des lettres, soit que l'employant à l'état coulant et liquide, il en ombrage les lettres et les feuillages, se fait comme suit. Prenez du bois de brésil (sic) de très bonne qualité, que vous reconnaîtrez à ce que mis dans la bouche et mâché, vous le verrez devenir rose et le trouverez sucré. Ratissez de ce bois ce qu'il vous en faudra, au couteau ou avec un morceau de verre. Mettez-le dans une décoction1 de bois de vigne ou de chêne, qui sera d'autant meilleure, qu'elle sera préparée depuis longtemps. Vous prendrez un pot vernissé allant | au feu, et vous aurez soin que votre bois de brésil baigne complètement, en sorte que tout ce qu'il contiendra de soluble puisse être fondu dans ce bain. Pour amollir le reste, prolongez le bain tout un jour, ou une nuit ; puis mettez au feu et chauffez jusqu'au point d'ébullition, sans le laisser bouillir cependant, et en remuant souvent avec un bâton. Je suppose que vous savez la quantité de brésil que vous avez mis en usage; vous prendrez une pareille quantité de beau marbre blanc, finement broyé sur une pierre de porphyre ou raclé au couteau ; une autre quantité pareille d'alun de sucre ou d'alun de roche ; vous mêlerez et broierez les deux ensemble. Au moment ou votre bain va bouillir, vous verserez cette poudre par petite quantité, toujours remuant la liqueur avec un bâton, jusqu'à ce que l'écume |
qu'elle rend soit dissoute et que le bain ait pris couleur. Alors vous passerez le mélange au moyen d'un linge de lin ou de chanvre, recueillant ce qui s'écoulera dans une écuelle vernissée ou non. Notez aussi cet avis que quelques-uns donnent, de passer la liqueur après qu'elle a pris couleur, par un linge dans un pot vernissé, de la chauffer légèrement, puis d'y mêler l'alun et le marbre. La couleur souhaitée se déclarera sur-le-champ. L'eau nagera au-dessus, presque absolument claire ; il n'y aura qu'à la faire écouler doucement: et ce procédé est meilleur. Mais il faut pour cela un bain ancien de quinze jours, ou fait d'eau de pluie qu'on aura laissé vieillir dans quelque vase de pierre, ou qui aura séjourné dans un creux d'arbre, comme il arrive. Cette eau est excellente pour le but qu'on se | propose, et la couleur qu'elle |
donne est la plus belle. Quant à ce que disent plusieurs, qu'il faut que l'eau du bain soit ôtée de l'écuelle, d'autres sont d'un autre avis. Ils le mettent dans un pot vernissé, le laissent reposer, et ensuite l'en font écouler par petite quantité et doucement, après quoi on laisse sécher le produit. Quelques-uns creusent une brique de terre cuite, et dans le trou mettent la matière à sécher. Et si votre intention est qu'elle dure longtemps, broyez-la à l'eau de gomme, mettez-la à sécher, et la conservez en morceaux. Et qui voudra la faire de meilleure qualité, qu'il mette au même bain que le brésil quand il le versera dans le bassin, la huitième ou la sixième partie de son poids de graine d'herbe aux teinturiers2 , s'il en peut avoir. Cette addition donnera de la fixité à la | couleur3. La suite de l'opération aura lieu comme précédemment. Notez toutefois que ce mélange diminue un peu de la beauté de la couleur qu'on obtient au moyen du brésil seul ; en sorte qu'il vous faudra choisir. Davantage, dans le brésil en solution dont j'ai parlé, pour lui donner de l'épaisseur vous pourrez mêler des coquilles d'oeuf tenues toute la nuit dans du vinaigre fort et dont vous aurez au matin enlevé la peau intérieure, puis que vous aurez lavées d'eau claire et broyées très fin sur une |
pierre de porphyre avec le poids d'alun susdit. Vous mettrez le tout dans un linge de lin, qui servira de passoire à la liqueur superflue; cette opération renouvelée deux ou trois fois, laissera dans le linge toute la matière louable, que vous n'aurez plus qu'à faire sécher à l'air, sans la tirer du linge et en évitant le soleil. Vous la mettrez de côté comme ci-dessus, et comptez qu'il n'y aura rien de meilleur. |
Notes : 1 - Lessivium, lessive de cendres de bois. 2 - Herbarocchia dicta herba tinctorum. La même que l'herbe aux foulons. Lecoy de la Marche croit que c'est la garance. 3 - Le texte ajoute « et pulchrior erit » que Louis Dimier a supprimé comme contredisant ce qui suit.
Valentin nomme cette couleur " rouge de Paris ". Le De Coloribus Diversis mêle le brésil et l'alun en poudre, à bouillir dans l'urine d'ivrogne, sur un feu de charbon, crainte des fumées. On passe (filtre) ensuite. La liqueur est mise avec de la céruse. Le même auteur aussi le fait cuire dans du vin blanc, mêle à la liqueur l'alun de roche en poudre, le plâtre fin ou la céruse, pour lui donner du corps. Outre l'emploi du marbre dans le mélange susdit, les Experimenta enseignent les coquilles |
Notes : d'½uf broyées dans l'eau, puis séchées. On jette la poudre dans le bain de brésil préalablement passé. |