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Michel Larroche

BLEU DE TOURNESOL EN DRAPEAUX (AVEC CHROZOPHORA TINCTORIA JUSS.). RECETTE N° 1.

Nom usuel : Maurelle, chrozophora tinctoria Juss.
Nom vernaculaire : Croton des teinturiers, tournesol en drapeaux, bleu médiéval.
Domaine : Végétal
Principe colorant : Azolithmine, Érythrolithmine, spaniolithmine,
Broyage : Selon recette.
Détrempe : Selon recette.

Manuscrit source : L'Art d'Enluminure Traité du XIVe siècle traduit du latin avec des notes tirées d'autres ouvrages anciens et des commentaires
Auteur : LOUIS DIMIER

DU BLEU NATUREL ET ARTIFICIEL (ANONYME).

 Le bleu nous vient premièrement de plusieurs substances naturelles. Celui qu'on nomme outremer est fait du lapis-lazuli1, dont j'enseigne la préparation à l'article de la manipulation des couleurs. Un autre bleu est celui qu'on tire d'une pierre qui se recueille en Allemagne2. Un autre encore se fait au moyen de lames d'argent selon la recette de maître Albert3. Un autre plus grossier se fabrique au moyen de fin indigo et de céruse. Un cinquième est le produit de l'herbe dite tournesol4. Celui-là conserve la couleur bleue un an, passé lequel il tourne au violet. Voici comment on le prépare.

RECETTE DE LA COULEUR BLEUE AVEC LE TOURNESOL.

 Prenez de la graine du tournesol, qu'on cueille un peu après la mi-juillet allant jusqu'à la mi-septembre. Ayez-la verte et en fruit, je veux dire en forme de triangle, qui vient de ce que les graines sont jointes trois par trois. Qu'elles soient cueillies par le beau temps, bien séparées des queues auxquelles elles pendent; ayez pour les recevoir un linge5 de lin ou de chanvre, qui a déjà servi, mais qui soit net, repliez ce linge par-dessus, et maniez les graines au travers, de manière que leur suc s'écoule et s'aille emboire dans le linge, d'où vous l'exprimerez ensuite dans une écuelle de verre préparée à cet effet. Gardez-vous d'écraser ces graines en les maniant. 

Vous répèterez cette opération jusqu'à ce que la liqueur soit en quantité suffisante. Prenez ensuite d'autres linges pareils au premier, ayant servi quoique bien nets, que vous aurez premièrement fait tremper dans un bain d'eau et de chaux vive, une fois ou deux, puis que vous aurez lavés d'eau claire avec grand soin; mais ce bain n'est pas nécessaire. Ces linges une fois secs, mettez-les dans l'écuelle où les attend le suc que vous aurez recueilli, et faites en sorte qu'ils en soient bien imbus, les laissant tremper tout un jour ou toute une nuit. Vous aurez ensuite un endroit privé de lumière et humide, où vous placerez de bonne terre de jardin dans une caisse ou dans quelque autre vase: ou mettez-la à même une cave où n'entre ni le vent ni la pluie et qui soit sans écoulement d'eau. Vous arroserez cette terre d'urine6, en ayant soin que ce soit celle d'un homme sain et qui boit du vin; vous dresserez dessus un petit édifice de roseaux légers ou de branchages, qui vous servira à étendre les linges imbibés du suc d'herbe, les exposant de la sorte à la vapeur d'urine, sans qu'elles touchent la terre d'où cette vapeur s'élève. Laissez-les trois ou quatre jours ainsi, jusqu'à temps qu'elles soient sèches. Alors vous n'aurez plus qu'à mettre vos linges entre les feuilles d'un livre, ou à les tenir en caisse ou dans un vase de terre que vous boucherez, en plaçant au-dessous de la chaux vive, dans un lieu sec et à l'écart où vous pourrez les conserver.

Notes :
1- Lapis - lazuli.
Appelé aussi azur d'Âcre, Outremer etc... 

2- Bleu d'Allemagne.
Autre nom azur des montagnes.

3- Maître Albert
Ou Albert le Grand né Albrecht von Bollstâdt connu aussi sous le nom de Albertus Magnus. 

4- Tournesol.
Ou croton des teinturiers, en latin chrozophora tinctoria, mais c'est aussi le croton tinctorium et héliotropium tricoccum avec lequel on élabore le tournesol en drapeaux. 

5- Linge.
Tous les auteurs, dit Mme Merrifield, parlent d'un mode de conserver les couleurs dans des linges qu'on a soin d'en teindre. Ces linges teints du jus de tournesol étaient appelés en italien pezzette (ce sont les pezzuoles de Cennino Cennini), c'est-à-dire des petites pièces (de tissu), ou comme

Notes :
nous dirions, des chiffons. Car c'étaient des morceaux usés qu'on employait à cet usage. Je traduis plus loin par piécettes. On usait de ce nom en particulier à Venise et dans tout le Levant. Il était synonyme de la couleur elle-même. Seulement comme cette couleur était sujette à changer avec le temps, et par la seule action de l'air, il s'ensuit que le sens du mot à cet égard n'est pas fixé. 

6. Urine.
L'urine de l'homme qui boit du vin était enseignée communément. Le De Coloribus diversis veut que ce soit celle d'un ivrogne, hominis ebriatoris; et il ajoute que c'est la meilleure: quae optima est.

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