BLEU OUTREMER. RECETTE N° 7. | |||
Nom usuel : Bleu outremer, lapis-lazuli, ultramarinum. |
Nom vernaculaire : Azur d'Acre, azur d'âcre, pierre d'azur. Origine du nom : Voir note. Domaine : Minéral Origine géographique : Principalement l'Afghanistan. Principe colorant : Lazurite. Formule chimique : [Na, K, Ca]8-x [SO4, S, Cl]1-y [(Alz Si1-z O4)6] Broyage : Sel ammoniac avec de l'eau et une lessive de moyenne force. Détrempe : Eau de gomme et deux ou trois gouttes de blanc d'oeuf. Manuscrit source : L'Art d'Enluminure Traité du XIVe siècle traduit du latin avec des notes tirées d'autres ouvrages anciens et des commentaires Auteur : LOUIS DIMIER |
RECETTE DE LA COULEUR BLEUE EXTRAITE DU LAPIS-LAZULI (Auteur anonyme). Au sujet du bleu d'Outremer, si cette couleur est fine et pure, il suffit de la délayer au doigt dans le pot ou dans la coquille qui la contient; au contraire si elle n'est pas bien fine, il faudra la broyer sur une pierre assez dure pour ne pas être entamée, afin que les débris de la pierre n'aillent pas gâter le bleu d'Outremer en s'y mêlant. Toutes les couleurs fort dures exigent cette précaution, comme le massicot par exemple; pour les autres ce n'est pas la peine. Je reviens au bleu d'Outremer à l'état grossier et médiocrement pur. Il faut le broyer avec 1/4 de sel ammoniac, auquel on mêlera ensuite de l'eau et une lessive de moyenne force. Le broiement | aura lieu à la proportion du peu de finesse offert par la matière. On la mettra ensuite dans une terre vernissée, plus ou moins large selon la quantité de matière, et l'on versera de l'eau de manière qu'elle surabonde. On remuera le tout avec un bâton; on laissera reposer; puis on rejettera l'eau avec précaution; on y en remettra de nouvelle. De nouveau on remuera, et après un repos, on fera encore écouler l'eau. L'opération sera reprise autant de fois qu'il faudra pour que l'eau qu'on rejette coule entièrement pure. L'Outremer sera alors débarrassé de sel. Si vous souhaitez ne l'employer que dans un état de finesse extrême, vous aurez à le broyer encore jusqu'à ce qu'il ne forme plus qu'une poudre impalpable, puis à le filtrer au moyen d'une soie ou d'un linge de lin, |
au travers duquel ne passeront que les plus fines parties de cette poudre. Laissez reposer ensuite; faites écouler l'eau, et ce qui restera au fond du vase, séchez-le à l'air à l'abri du soleil. Vous obtiendrez ainsi ce qu'il y a de meilleur pour la finesse, en vue de quelque opération que ce soit, de la plume ou du pinceau. |
Notes : Azur d'âcre. Première hypothèse:
Il s'agit peut-être du mot âcre désignant le succus d'arum azurum avec lequel on enduisait les lamelles d'argent servant à la fabrication d'une couleur bleue imitant le bleu d'Outremer. Azur d'Acre. Deuxième hypothèse paraissant la plus probable et attestée par Louis François de Villeneuve-Bargemont dans sa Chronique de Provence, intitulée: Histoire de René d'Anjou, roi de Naples, duc de Lorraine et comte de Provence. tome deuxième, fol. 625. pages 348-349. Année 1825, vol. 2, à Paris, chez J. J. Blaise, Libraire-Editeur, rue Feron St Sulpice, n° 24, dans laquelle on peut lire: « en escrivit l'instrument de sa propre main en lettres d'or, et comme il estoit très bon enlumineur, les enlumina avec de très riches couleurs d'azur d'Acre, composé de pierres de lapis-lazuli, semées de paillettes |
Notes : d'or, le plus haut et vif qu'il put trouver couleur de vray, ce que j'aime de passion et d'amour » ajoute le chroniqueur. |